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Notre Eglise

L’histoire d’une chapelle devenue église

La paroisse Saint Jean Marie Vianney

Dans les années 1930, il n’y avait pas de chapelle dans le village de Pointe-aux-Piments. De nombreux catholiques étaient alors obligés d’aller assister à la messe à l’église St Joseph, Terre Rouge, ou à l’église St François d’Assise à Pamplemousses. A cette époque, il n’y avait pas de facilités de transport comme c’est le cas aujourd’hui. Selon les témoignages de nos aînés, ils devaient se réveiller à trois heures du matin. Et celui qui se réveillait en premier allait réveiller les autres membres de la famille.

Ceux qui allaient à la messe à Pamplemousses prenaient des raccourcis à travers les champs de canne à sucre. Lorsqu’ils arrivaient à hauteur de l’actuelle société sucrière de Beau-Plan, ils se rafraîchissaient dans l’eau d’un canal attenant et revêtaient leurs habits du dimanche pour assister à la messe.

Jukeslin Etienette, plus connu comme M. Lelin, était un fervent catholique. Chaque dimanche, il se rendait à la messe à l’église St Joseph. Ayant remarqué sa présence, le père Charpiat, qui accueillait les fidèles venant à l’église, a engagé la conversation avec lui. Le prêtre voulait savoir d’où il venait, ce qu’il faisait dans la vie etc. et un dialogue s’est instauré.

C’est à la suite de cet entretien que l’idée a germé dans la tête de M. Lelin de faire construire une chapelle à Pointe-aux-Piments. Vu que ses beaux-parents, M. et Mme Ambrose Douce, étaient des propriétaires terriens, il leur en a fait part et M. Douce a approuvé l’idée, faisant, dans la foulée, don d’une portion de terrain au diocèse de Port-Louis à des fins de construction d’un lieu de culte dans le village. Le père Charpiat en a informé le diocèse et s’est alors chargé d’initier les démarches à cet effet.

M. Douce avait neuf enfants. Lorsqu’il a fait rédiger son testament, dans un souci d’équité dans le partage de ses biens, il a légué 19 perches à chacun de ses enfants et a alloué une dixième portion de la même superficie au diocèse de Port-Louis qu’il considérait comme un dixième héritier. C’est ainsi que le diocèse a obtenu un lot de 19 perches à Pointe-aux-Piments pour la construction d’une chapelle.

Une fois le terrain obtenu, la société Harel Frères a entrepris les travaux de construction de la chapelle. Ceux-ci ont pris fin vers 1937-1938. Ladite chapelle a été construite avec les matériaux d’usage à l’époque : de la chaux, des feuilles de tôles, des poutres. Historiquement, le père Charpiat a été le curé fondateur de la paroisse.

Le premier registre de baptême de la chapelle St Jean Marie Vianney date du 8 janvier 1939, avec comme curé le père Noël Koenig. Mlle Mélanie Crespin, originaire de Curepipe et employée de la famille Rousset de Solitude, en fut la première sacristine et elle y enseigna aussi le catéchisme.

En 1939, le père Richard Kane a pris la relève et a choisi d’habiter la paroisse. Il a occupé les locaux de la sacristie pour être plus proche de ses fidèles. Les paroissiens gardent d’ailleurs un excellent souvenir de sa disponibilité et aussi de sa simplicité.

A l’arrivée du père Claude Sauzier en 1947, la messe a été célébrée le premier et troisième dimanche du mois. Etant curé à Montagne Longue, il consacrait les mardis à la chapelle de Pointe-aux-Piments. Il commençait sa journée avec une messe de requiem, suivie des baptêmes, des répétitions de chants grégoriens et l’enseignement du catéchisme à l’école. Il apportait des posters pour aider les enfants à mieux comprendre le cours de catéchisme.

Sa nomination comme vicaire général l’a amené à assumer d’autres responsabilités au niveau du diocèse et il a été remplacé par le père Lapeyre, qui, de son côté, a apporté des changements appréciables à la paroisse.

L’animation de la messe a alors radicalement changé :

•      La guitare a été introduite au niveau de la chorale,

•      Les animateurs de chorale et de la liturgie ont été formés,

•      Il a accordé plus d’importance à l’ornement sacerdotal,

•      Les bancs dans l’église ont été réalignés,

•      Il a encouragé les personnes vivant en concubinage à se marier et a célébré leurs unions,

•      Des changements importants ont été apportés à la cérémonie de baptême,

•      Il a relancé les messes du soir, avec pour éclairage des lampes à gaz, vu qu’à l’époque, il n’y avait pas d’électricité.

Puis, plus tard, il a négocié avec la propriété Harel Frères pour obtenir un générateur afin d’éclairer l’intérieur et l’extérieur de la chapelle.

Pour motiver davantage les membres de la chorale, père Lapeyre, avec l’approbation de M. Raymond Douce, a aménagé un terrain de volley-ball sur la partie inoccupée des 19 perches. Ce terrain n’existe plus. Il fait partie de l’emplacement de l’église.

Chaque année, le père Lapeyre organisait aussi des sorties éducatives pour les enfants de chœur et les membres de la chorale, avec le parrainage des sucreries du Nord de l’île.

Une demi-heure avant chaque messe et ensemble avec la chorale, il faisait toute l’assistance répéter les cantiques, qui seraient interprétés lors du culte.

Au cours de son sacerdoce, il était responsable des églises de Solitude et de Triolet et vivait dans une maison en location à 7e Mile, Triolet. Même après son départ de la paroisse, il a continué à faire la chorale de Pointe-aux-Piments répéter régulièrement et à se perfectionner à la chapelle de Notre-Dame de Fatima où il était toujours curé. On peut donc dire que le père Lapeyre a été à la base des progrès de la paroisse Saint Jean Marie Vianney.

En 1970, le père Lapeyre a été remplacé par le père Lejuge, curé de la paroisse de Notre-Dame-de-la-Délivrande. Celui-ci était responsable des paroisses de Solitude et de Pointe-aux-Piments. Il s’occupait surtout de la distribution de la communion aux malades.

Pendant le mois de mai, mois consacré à la Bienheureuse Vierge Marie, il insistait pour que des prières soient dites tous les soirs et une statue de la Vierge était portée en procession dans tous les quartiers. A la fin de mai, un cortège solennel portant la statue de la Mère du Christ sortait de Camp Scipion et ralliait Grande Pointe-aux-Piments, procession qui culminait, en soirée, par une messe consacrée à la Vierge Marie.

Durant le carême, il venait, chaque vendredi, animer le Chemin de Croix. Lui également motivait les enfants de chœur par des sorties, avec le soutien de Harel Frères. Ses fidèles se souviennent encore de la nuit de prières, organisée par père Lejuge et animée par Jean Noël Adolphe et son équipe. Il a également encouragé les jeunes de Pointe-aux-Piments à participer aux retraites au Foyer de l’Unité à Souillac.

Après le départ du père Lapeyre, ce fut le père Anthony Quinn, qui lui succéda et qui a continué le bon travail commencé. Le père Quinn était très proche de ses paroissiens et n’hésitait pas à aller leur rendre visite à pied, sa petite tente à la main et son éternelle pipe à la bouche.

Le père Quinn a lancé l’autofinancement (la gestion financière) au sein de la paroisse mais son passage a été très bref. Après son départ, les sœurs franciscaines, missionnaires de Marie, ont commencé à œuvrer dans la paroisse.

Puis, de 1982 à 1984, le père Gérald Bowe est devenu le nouveau curé de Saint Jean Marie Vianney. On lui doit un changement d’horaire de messe. Celle-ci, habituellement célébrée à 10 heures, fut dorénavant dite à 9 h 30. Il a été remplacé par le père Robert Fleurot, qui n’est resté qu’environ huit mois dans la paroisse en raison de ses différents engagements au niveau du diocèse et de la région.

La paroisse a eu le plaisir d’accueillir, lors d’une des absences du père Fleurot, son homologue Maurice Piat, qui est devenu plus tard évêque de Port-Louis puis Cardinal. Le père Piat a participé au grand rallye de l’Action Catholique des Enfants, qui a rassemblé, sur la plage de Pointe-aux-Piments, les enfants de cette localité et ceux de Pamplemousses.

Entre janvier 1985 et juillet 1992, la paroisse a connu deux prêtres : Antoine Law et A. Asamy. Sous la direction du père Law, qui était davantage rattaché à la paroisse, le mouvement « La Vie Montante » a été mis en place.

Le 15 décembre 1989, à la suite d’une demande du père Law, le Cardinal Jean Margéot a accordé le statut d’église à la chapelle Saint Jean Marie Vianney. C’est aussi le père Law qui a jeté les bases de la première fabrique. Les premiers Fabriciens ont été M. Michel Hew Khee, qui occupait le poste de président, Mme Georgette Hew Khee, la trésorière tandis que MM. Joseph Castor, François Eugénie, Gino Ami, entre autres, leur ont prêté main-forte. Mme Hew Khee s’est occupée de la gestion financière de l’église pendant 17 ans.

En 1991, une salle d’œuvres a été construite au-dessus de la sacristie. Elle sert aujourd’hui de salle de catéchisme et de répétitions. Le mur entourant l’église a été rehaussé et ce lieu de prières a reçu un nouveau clocher, don de M. Robert Noël, qui fut béni le 19 avril 1992. Le père Law allait aussi animer la messe dans différents quartiers de Pointe-aux-Piments et il le faisait aussi le mardi soir dans la paroisse.

En allant donner la communion aux malades, le père Law a réalisé que plusieurs familles vivaient dans une grande pauvreté.  Il s’est renseigné davantage à leur sujet et par la suite, il a contacté un groupe de dames volontaires de Grand-Baie et sollicité leur aide. Elles n’ont pas hésité à se déplacer pour aider les personnes les plus démunies de la paroisse. Chaque mois, elles leur apportaient des vivres. Leur arrivée au village suscitait l’enthousiasme des enfants, qui en les voyant, criaient : « Madam Rouge pé vini» car elles leur donnaient des friandises.  Ces dames, qui n’étaient pas de la Croix Rouge, apportaient également une lueur d’espoir d’un lendemain meilleur à ces familles vulnérables.  

Et à chaque fin d’année, elles organisaient une fête et remettaient des cadeaux, offraient des rafraîchissements et des gâteaux à une centaine d’enfants. Elles ont aussi contribué à faire agrandir la maison d’une de ces familles. Ce soutien bénévole s’est poursuivi pendant des années et cela même après le départ du père Law.

De 1992 à 1998, les prêtres suivants ont officié dans la paroisse, à savoir les pères Jack Brown, Philippe Goupille, qui apporta sa contribution à la sonorisation de l’église, Gérard Guillemot, J. Le Pallu, Bernard Farelly, Jean-Claude Véder, Louis Verchère, Tadeus et Mac Tiernan.

En 1992, alors que le père Goupille était toujours attaché à la paroisse, une délégation de la Fondation Abbé Pierre était en vacances à Maurice et voulait venir en aide aux plus vulnérables de la société mauricienne. C’est ainsi qu’une rencontre entre la délégation française, le père Goupille, Mme O. Léclezio et un représentant du gouvernement a eu lieu chez Mme Hew Khee. Il faut alors décider de mettre au point un projet de logements pour les plus démunis. Vu qu’il n’y avait pas de terrain disponible, Mme Hew Khee a demandé au père Goupille de solliciter l’usine sucrière de Belle-Vue pour l’obtention d’un terrain susceptible d’accueillir ce projet. Un terrain a donc été acheté et le projet a pris forme.

En tant que curé nommé après le départ du père Goupille, le père Guillemot a mis en place une permanence à la paroisse de Pointe-aux-Piments pour être à l’écoute des fidèles et en particulier des jeunes. Ce service d’écoute a rapproché les paroissiens de leur église. Il a consolidé le conseil paroissial dont le premier président a été M. Stellio Ami. Epaulé par le jeune et dynamique père Tadeus, le père Guillemot a donné un nouveau souffle aux différents mouvements de la paroisse. Ces deux prêtres y ont été très actifs jusqu’à leur départ en 1998.

Ce sont les pères Guy Billaud et Mac Tiernan qui ont alors pris le relais en tant que curé et prêtre de la paroisse. Un cocktail d’adieu a été offert au père Mac Tiernan, qui doté d’un grand talent de comédien, s’est dévoué sans relâche pour rendre plus vivante la veillée pascale de l’an 2000. C’est à lui également que l’on doit les belles décorations de l’église à l’occasion des 40 heures.